Le tout support est un jeu, un prétexte du défi, un renouvellement permanent, une remise en question, de ce qui est juste à penser, à créer, à réaliser, au bon moment et de ce que j’estime pouvoir dépasser, ou à contrario, l’attente du Kairos.
Mais voilà la question, jusqu’ou suis-je capable de jouer avec la marqueterie ?
En tant que professionnel, formé dans l’esprit de la grande tradition, on s’attache avant toutes choses, à la noblesse du métier, à son histoire, aux matières que l’on emploi, à sa transmission.
Les perspectives d’exploitation, d’innovation de la marqueterie sont très souvent ralenties, par cette approche académique, et son ensemble de fondements culturels. Il faut aussi compter sur les aspects économiques du aux charges de fonctionnement d’un atelier, tous ces éléments contraignent l’esprit de créativité de l’artisan à tirer vers la simplification professionnelle.
L’image de la marqueterie est ancrée, dans la tradition, le meuble de style, le tableau, travaillée à plat, figée que seul quelques marqueteurs dans le monde essayent de bousculer.
Malgré mon esprit innovateur, il m’a fallu du temps, pour prendre du recul, suivre et accepter les opportunités, m’ouvrir sur l’expérience, sans pour autant renoncer ni rejeter les techniques apprises, qui bien au contraire sont à la base de mes dépassements, et la solidité de ma rupture.
Ce jeu du tout support, demande beaucoup d’observation, de curiosité, il est attractif et rien ne prédispose mes choix, et mes orientations, sauf mon environnement quotidien, mes états d’âme du moment. Un support ramassé peut être oublié plusieurs années avant d’être redécouvert, et trouver son sens à mes yeux.
Comme je peux dessiner plusieurs projets à partir d’un support, et ne jamais le réaliser. Le temps et les conditions de ce temps, doivent concorder avec ma pensée, ma créativité, le support, et les techniques que je vais employer. L’esquisse seule doit me faire vibrer ne serais quelques minutes. Et plus j’avance dans mes recherches, plus il m’est difficile, de sentir cette étincelle d’émotion. Mon travail fini, je suis incapable de le voir dans sa vraie dimension, et c’est seulement à travers le regard de mon public que je peux arriver à le situer.
Comment expliquer ce phénomène, sinon que le regard expérimenté à force d’exigence s’habitue, que plus on se lance des défis plus on s’éloigne des réalités, un peu comme un sport extrême, ou le risque devient de plus en plus grand à force d’audace.
Mon imagination a pour seule limite l’irrespect, c’est une règle. Mais malgré cela, certaine de mes expressions ou mes dires peuvent être interprétées dans un sens contraire à mes pensées. Aussi, dois-je faire très attention à garder la qualité du métier, mon savoir –faire est une sorte de garde-fou, quelque soit le support, et les réactions.
L’œil habitué ne voit plus, le regard ne porte plus sur ce qui l’entoure, aussi faut il prendre du recul pour réapprendre à observer son environnement, redécouvrir ce qui peut paraître banal, d’un paysage, d’un objet, d’une matière, des hommes. Ce qui n’est pas toujours facile, et permettre ainsi au regard de se replacer comme le découvre un voyageur qui prend le temps de visiter le monde.
A travers cette démarche, mes travaux s’attachent à plusieurs attitudes de recherche.
Réconcilier les passés oubliés, avec l’avenir. (Les calebasses) sociale économique
L’appât de l’or comme source d’appauvrissement. (Les battées) sociale
Renouer avec les ancêtres. (Les sculptures traditionnelles) Ethnologique
De la poubelle à l’œuvre classique. (Les cageots) Environnementale
Des origines à nous. (Les fossiles) Paléontologie
De la pierre sculptée. (Aux incrustations bois) essais textures
Des espèces protégées pourtant consommées par traditions. (Les tortues) Environnementale
Et bien d’autres encore………..
Ne devenons nous pas, nous efforcer à redéfinir ces notions de différences mal interpréter du regard, au geste simple, du besoin superficiel, au besoin essentielle, des passerelles entre les notions culturelles des pays dit riches et des pays dit pauvres.
Hier les populations du sud utilisaient des calebasses, pour différentes fonctions de conservations, et de transport, aujourd’hui abandonnées ces mêmes populations utilisent des récipients en plastique comme la récupération de bouteille de lessive, d’eau, ou l’achat de seau, de cuvette de toute les couleurs.
L’intérêt de la calebasse, vient du fait qu’elle pousse naturellement, elle ne pollue pas, elle est biodégradable, elle ne coûte rien, et sa durée de vie d’utilisation est suffisante d’une année sur une autre. Lors de mes recherches je me suis aperçu, que les paysans leurs donnaient des appellations différentes selon la forme, la taille, et leur fonction, ce constat est d’ailleurs très intéressant, il représente à mes yeux un bien culturel, le perdre serait dommageable.
Son remplacement par des ustensiles, et des récipients en plastique, amène plus d’inconvénients sur du moyen terme, que de satisfactions. Les plastiques utilisées sont de mauvaises qualités, cuisent au soleil et se brisent très rapidement, il faut les remplacer, les acheter, et les résidus laissés à l’abandon polluent, aussi bien les sols qui sont déjà bien pauvre, et l’environnement visuel sur plusieurs années avant leur total désintégration.
Dans le cadre de mon expression employer la calebasse comme support, à pour vocation de revaloriser l’idée de sa réutilisation. Déjà, la matière et l’objet en soi sont beaux, ensuite l’objet en dehors de ses fonctions passé peu redevenir attractif pour la population locale, une clientèle de passage, ou de tourisme en les revalorisant par un travail de décoration, et du maintien de son histoire.
Certaines de mes pièces sont destinées à être présentée aux populations locales afin de leur donner un élan d’intérêt, et tacher de produire des modèles certes plus simples, mais innovants.