A la rencontre de la matière
Ma rencontre avec le bois flotté est à l’origine de mon évolution esthétique et de mes recherches techniques. J’ai toujours eu envie de sculpter avec la marqueterie.
C’est en 1987, avec la réalisation du trophée du « Challenger Trophy », que j’ai abordé cette nouvelle approche, la sculpture marquetée. Le succès rencontré par cette pièce m’avait alors encouragé à persévérer dans cette voie.
L’idée était de sortir du cliché traditionnel de la marqueterie, de ses supports essentiellement plats ou légèrement arrondis, le bois étant par nature une matière difficilement malléable. Il importait que je relève le défi : appliquer la marqueterie sur des surfaces bombées voire aléatoires et, ce faisant, pousser le métier dans ses retranchements.
C’est au cours d’un voyage à caractère humanitaire, à Morondava sur la côte ouest de Madagascar, que cette approche a de nouveau été sollicitée.
Le responsable de la mission avait collecté sur la grève de superbes racines detuvier, travaillées par l’eau, le sel et les aléas de l’environnement.
de palétuvier, travaillées par l’eau, le sel et les aléas de l’environnement.
L’action conjuguée du sel et du soleil avait donné à ces entrelacs de bois une patine bleue argentée de toute beauté.
Le guide, qui avait remarqué mon intérêt pour ses trouvailles, m’en offrit un spécimen.
Ce n’est qu’au bout de plusieurs mois que, contraint jusque là par ma technique traditionnelle, j’y prêtai de nouveau attention.
Je traitai alors mon support comme un corail en y insérant en travers de ses branches différentes espèces de petits poissons tropicaux en marqueterie.
Mais je n’étais pas satisfait : l’ensemble restait sans relief. Il me fallait trouver une nouvelle technique pour donner du volume à l’ensemble.
J’ai d’abord essayé de mettre en volume une marqueterie découpée à plat en la re-découpant et l’assemblant grâce à l’épaisseur du placage. Le résultat devenait intéressant mais restait fragile.
Puis, je m’essayai à une nouvelle technique qui consistait à plaquer une marqueterie sur la surface très irrégulière d’un bois flotté de racine de palétuvier.
La marqueterie, une fois découpée et assemblée à plat, fut re-découpée en tesselles de 5 mm de coté, collées et ajustées carré par carré sur ce volume aux formes aléatoires. Le contraste entre l’aspect, brut et naturel du support et le raffinement de la marqueterie offrait un rendu saisissant. Malgré les contraintes techniques à résoudre, le résultat était encourageant.
A cette époque, j’entrevoyais à peine l’évolution de mes recherches techniques et la corrélation entre supports et matières appliquées.
Je me mis alors à la recherche de mon nouveau support de prédilection : le bois flotté.
Ma quête m’emmena là où pousse la mangrove : je parcourus des km, à pied dans les salines, en pirogue dans le dédale des palétuviers, sur les plages où je collectai tous les matériaux échoués qui m’inspiraient.
Ma vocation professionnelle de marqueteur prenait une autre tournure, c’était le début d’une nouvelle aventure.
pour voir le livre : http://ww.guypradel.com/fr/lang_fr/#samples/bois-flotte/